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Qu’est ce que l’Auto-Réhabilitation Accompagnée ?
mardi 5 septembre 2017, par
« On entend par auto-réhabilitation accompagnée la démarche conjointe et librement consentie entre l’occupant d’un logement (ménage, personne seule ou cohabitants d’un même logement) et un accompagnateur, dans laquelle le ménage engage des travaux qu’il a définit avec l’assistance de l’accompagnateur et dont il réalise lui-même une partie, en fonction de ses capacités et de la contribution apportée par des proches, des bénévoles et parfois l’accompagnateur lui-même, le ménage passant commande à des professionnels du bâtiment pour la partie de travaux qu’il ne réalise pas. » ("Contribution de l’auto-réhabilitation accompagnée au plan de rénovation énergétique de l’habitat", Rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable, Hervé Berrier, juin 2014)
Le rapport du Conseil général de l’environnement et du développement durable cité ci-dessus, présenté en juin 2014 à la demande du ministère de l’égalité des territoires et du logement ; a démontré l’intérêt de l’ARA quant à sa contribution aux objectifs du PREH (déclinés localement au sein du PBDR-PREH, qui ambitionne la rénovation de 40 000 logements en Région d’ici 2020). Outre le fait que l’ARA, de par la diminution des charges relatives aux travaux d’amélioration qu’elle permet, soit un outil évident de sortie des ménages de leurs situations de précarité énergétique ; ce rapport met également en avant à travers l’expérience des opérateurs d’accompagnement existants le fait que l’ARA permet généralement un gain sur les consommations énergétiques de près de 50%. A titre de comparaison, le FART, qui vise sensiblement le même public en situation de précarité énergétique, ambitionne 25% d’économies d’énergie. Forte de ce constat, l’Agence Nationale de l’Habitat (ANAH) a d’ores-et-déjà balisé le subventionnement des projets d’ARA via l’ "instruction relative au financement des travaux réalisés en auto-réhabilitation", datée du 6 février 2015.
L’émergence de la Fédération des accompagnateurs à l’autoproduction et à l’entraide dans le bâtiment (FédAc), ou encore du Réseau Pluriel des Opérateurs de l’accompagnement à l’Auto-réhabilitation initié par Oïkos et les Compagnons Bâtisseurs témoigne de la multiplication des initiatives liées à l’ARA et d’une volonté certaine de voir de telles pratiques reconnues sur les plans réglementaires, assurantielles ...
En Normandie, le CIER contribue aux efforts notamment développés par l’Association Régionale de Promotion de l’Eco-construction (ARPE) et l’association Enerterre (précurseur de l’ARA en Basse-Normandie) afin d’œuvrer à l’émergence d’un réseau régional des acteurs de l’ARA.
L’Auto-Réhabilitation Accompagnée, un outil à vocation sociale
En plus d’être un vecteur de lien social (éventuels chantiers participatifs) et outil d’éducation populaire (apprentissage et appropriation des techniques propre à la rénovation), l’ARA permet de toucher un public généralement éloigné des dispositifs de droit commun :
L’accompagnement proposé dans le cadre de l’ARA est en effet à même de mettre à mal l’aspect rebutant des procédures administratives nécessaires au soutien financier des travaux de rénovation : il permet de passer outre la multiplicité des interlocuteurs grâce au travail de coordination réalisé par l’accompagnant qui s’appropriera à son tour la rénovation, instaurant ainsi une relation conviviale et de confiance propre à la réalisation d’un projet collectif.
L’ARA permet également de sortir de l’impasse que représente le fait de ne disposer ni des compétences nécessaires à l’auto-réhabilitation qualitative de son logement, ni des moyens financiers permettant l’éventuelle réalisation de l’ensemble des travaux par des professionnels.
Plus important encore, l’ARA tient de la démarche d’empowerment en permettant la prise de conscience de sa capacité d’agir (surmonter les difficultés techniques, le dédale administratif …), et d’agir collectivement.
Garantir la qualité des travaux et la performance énergétique
L’Auto-Réhabilitation Accompagnée est avant tout pensée pour garantir la qualité du chantier de rénovation, grâce au regard du professionnel sur les travaux effectués, poste par poste. Il permet notamment à ce titre l’assurabilité des ouvrages. Mais le public visé par les dispositifs existants induit la priorité donnée à la sortie de l’insalubrité, ou à la mise en sécurité de l’habitation. Or, les travaux de gros œuvre sont généralement propices à l’amélioration de la performance thermique de l’enveloppe ; de même que ceux de second œuvre peuvent impliquer la réfection des systèmes de chauffage ou de production d’ECS. Pourquoi alors ne pas viser la performance énergétique, à travers la réalisation de travaux dits « BBC-compatibles » ? De tels travaux peuvent représenter un surcoût non-négligeable, mais c’est bien le rôle du PRIS que d’avancer le caractère incitatif des aides financières aux travaux de rénovation énergétique.
L’ARA permet donc de garantir la qualité des travaux ainsi que l’atteinte de la performance énergétique, dès lors que la coopération entre maître d’ouvrage, accompagnants et professionnels est totale et continue, et qu’elle vise la définition du meilleur compromis technico-financier.
La promotion des matériaux bio-sourcés
Parmi les rénovations BBC soutenues par la Région Basse-Normandie et abouties, quinze projets ont pu en 2015 faire l’objet d’une étude (travaux de Lucie Viguier) qui fait état d’un emploi des matériaux bio-sourcés encore anecdotique pour ces projets de rénovation : seules 3 rénovations sur les 15 étudiées bénéficient de l’emploi de tels matériaux, avec principalement de la ouate de cellulose aujourd’hui largement démocratisée.
Or l’emploi de matériaux jouissant d’un faible niveau d’énergie grise, comme c’est le cas pour une majorité de matériaux bio-sourcés peu transformés, est un facteur d’intérêt quant à la diminution des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre en plus d’être un acteur essentiel du développement de circuits économiques courts. Il s’avère que l’ARA fait généralement appel à ce type de matériaux, du fait d’un coût moindre (matériaux non-transformés) et de technicité quant à leur mise en œuvre plus abordable pour l’auto-rénovateur et les éventuels bénévoles